Jean Mouton
Jean Mouton, de son vrai nom Jean de Hollingue, est un compositeur picard du tournant des XVe et XVIe siècles. Né en 1459 à Samer, à quelques kilomètres du Touquet, il poursuit ses études à la maîtrise de Saint-Quentin. Il y devient magister puerorum (maître des enfants chantant dans le chœur).
Son parcours le conduit ensuite à Nesle où il est ordonné prêtre en 1483 et nommé maître de chapelle. Ce titre de maître de chapelle, ou maître de musique signifie qu’il est en charge d’enseigner et de faire chanter la musique liturgique. Dans le cadre de ces fonctions, Jean Mouton est aussi chargé de composer des œuvres polyphoniques, notamment des messes et des motets.
Quelques années plus tard, en 1499 et pendant 2 ans, Jean Mouton dirige la maîtrise de la cathédrale d’Amiens. Pourtant, il n’y est pas nommé maître de chapelle. Il devient ensuite chanoine à la cathédrale de Thérouanne, puis, en 1501, obtient une charge à la collégiale Saint-André de Grenoble.
Maître de chapelle de la reine Anne de Bretagne
Jean Mouton abandonne cette charge dès 1502, sans permission, et entre au service de la couronne de France en tant que chanteur. C’est ainsi qu’il intègre la chapelle de la reine Anne de Bretagne et devient son musicien favori. Elle intercède même pour qu’il obtienne un canonicat (un bénéfice de chanoine) à Saint-André de Grenoble.
En 1505, Jean Mouton est nommé maître de la chapelle du Palais. Dans le cadre de cette fonction, il écrit divers motets dont en 1510, Non nobis domine qui célèbre la naissance de la fille du roi et de sa protectrice, ou encore, en 1514, Quis dabit à l’occasion de la mort d’Anne de Bretagne. Il reste ensuite à la cour où il semble officier comme compositeur.
Jean (ou Jehan) Mouton, compositeur favori des Italiens
Renommé en Italie, grâce à ses liens et son amitié avec Josquin des Prés, Jean Mouton suit la cour de France dans la grande botte lors des pourparlers de paix de la deuxième guerre d’Italie à la fin de l’année 1515. Il fait fort impression à la cour du duc de Ferrare, mais aussi à Rome et à Venise. Il semble avoir particulièrement impressionné le pape Léon X qui le fait notaire apostolique.
Élu chanoine de Saint-Quentin en 1518, Jean Mouton meurt dans la ville picarde en 1522. Sur son tombeau, on peut lire : “en son vivant chantre du roy, chanoine de Thérouanne et de cette église”.
Jean Mouton est, après son ami Josquin des Prés, le compositeur du XVIe siècle le plus copié et le plus édité de son vivant, notamment en Italie. Il a une telle renommée qu’il est cité par des auteurs de son époque tels Rabelais (dans le prologue du Quart livre) ou encore par Pierre Maillard (dans Tons et discours sur les modes de musique).
Son œuvre compte près de vingt messes, une centaine de motets, dix magnificat, des psaumes en latin et une vingtaine de chansons françaises. Malheureusement, certaines de ces compositions sont perdues où ne nous sont parvenues que lapidairement. Ses œuvres sont encore exécutées de nos jours à la chapelle pontificale de Rome.
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